Défi-lecture (4)
"C'est la seule qui compte. Les autres, de plus en plus longues, de plus en plus anodines, ne donnent qu'un empâtement tiédasse, une abondance gâcheuse. La dernière, peut-être, retrouve avec la désillusion de finir un semblant de pouvoir...
Mais la première gorgée!"
Cette semaine, je n'ai pas vraiment eu le temps de lire grand chose (mais vous verrez plus loin que c'était intéressant ^-^), alors pour le défi-lecture de Florence, je suis allée rechercher un petit plaisir "personnel" : La Première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules" de Philippe Delerm.
Un concentré de bonheur à chaque page! Des instantanés de notre quotidien si bien racontés par l'auteur qu'ils prennent la saveur des bonbons de notre enfance.
Je vous laisse juger d'après quelques extraits...
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Lire sur la plage
"Pas si facile, de lire sur la plage. Allongé sur le dos, c'est presque impossible. Le soleil éblouit, il faut tenir à bout de bras le livre au-dessus du visage. C'est bon quelques minutes, et puis on se retourne. Sur le côté, appuyé sur un coude, la main posée contre la tempe, l'autre main tenant le livre ouvert et tournant les pages, c'est assez inconfortable aussi. Alors on finit sur le ventre, les deux bras repliés devant soi. Au ras du sol, il y a toujours un peu de vent. Les petits cristaux micacés s'insinuent dans la reliure. Sur le papier grisâtre et léger des livres de poche, les grains de sable s'amassent, perdent leur éclat, se font oublier - c'est juste un poids supplémentaire qu'on disperse négligemment au bout de quelques pages. Mais sur le papier lourd, grenu et blanc des éditions d'origine, le sable s'insinue. Il se diffuse sur les aspérités crémeuses, et brille çà et là. C'est une ponctuation supplémentaire, un autre espace ouvert."
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On pourrait presque manger dehors
"C'est le «presque» qui compte, et le conditionnel. Sur le coup, ça semble une folie. On est tout juste au début de mars, la semaine n'a été que pluie, vent et giboulées. Et puis voilà. Depuis le matin, le soleil est venu avec une intensité mate, une force tranquille. Le repas de midi est prêt, la table mise. Mais même à l'intérieur, tout est changé. La fenêtre entrouverte, la rumeur du dehors, quelque chose de léger qui flotte."
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